Combiner l’effort physique et le parapente ne date pas de l’avènement de ce type de compétition, les deux sont intimement liés depuis l’arrivée sur le marché de matériel très léger comme les premières Ultralite d’Ozone ou les voiles du fabricant Français Nervures, pionniers dans le domaine des voiles montagne.
Nombre de parapentistes ont trouvé la motivation pour apprendre à voler en l’associant à une autre pratique comme l’alpinisme, la randonnée, la grimpe ou le trail… les fameux combos.
L’allègement du matériel et les performances des voiles ont ensuite contribué à démocratiser la pratique du marche et vol, et voir le nombre de compétitions augmenter d’année en année. 2023 verra le premier classement fédéral avec 4 compétitions.
Vous trouverez trois grand types de courses avec des contraintes et des objectifs très variables:
Format court, avec ou sans assistance obligatoire - 3 ou 4 jours ( Bornes to Fly, Mont blanc Air tour, Vercofly, Gruyère Fly…)
Sprint: montées sèches avec combinaison d’autres disciplines comme la précision d’atterrissage ou des ateliers de type vol et ski ( Millets Cup ou Verti Cham)
Semi long ou long: Xpyr ou Xalps.
La plupart du temps, le format court est celui par lequel on débute la compétition de marche et vol. C’est donc de ce type d’épreuve dont il sera question dans cet article, avec quelques grandes règles permettant d’éviter certains écueils, et surtout de terminer la course avec le sourire et l’envie de recommencer !
PREPARATION PHYSIQUE
Si vous envisagez de vous aligner sur une épreuve de ce type, vous avez probablement déjà un profil sportif.
Les grandes règles permettant de définir un planning d'entraînement sont les mêmes que pour une épreuve d’endurance type trail long ( format 50 - 90km).
En effet, il n’est pas rare de marcher ou courir une journée complète - voir davantage - avec l’équipement de vol complet sur le dos, et de renouveler l’expérience plusieurs jours d’affilée.
Le sujet étant largement documenté, je ne rentrerai pas trop dans les détails d’un plan d'entraînement, mais voici quelques éléments communs à tous les plannings pré-compétition.
Comptez 4 mois minimum pour une préparation correcte.
Une semaine classique comporte une séance d’intensité, une au seuil et un footing ou une sortie longue.
L’intensité et la durée des séances doivent augmenter progressivement. Ne négligez pas le repos pour éviter les blessures ou une fatigue contre productive. En fin de cycle, les séances longues représentent jusqu’à 5h d’effort, voir plus selon votre niveau.
Quelques particularités propres au marche et vol:
Faites vos séances d’intensité en côte pour solliciter les muscles qui servent en montée. C’est encore plus important si vous habitez en plaine ( une montée de 150m suffit).
Vous pouvez utiliser avantageusement les techniques associant les différentes sollicitations des fibres musculaires: isométrique / concentrique, myo cross max ou jerk qui sont des séances d'entraînement dédiées aux courses en montagne ( plus d’infos ici: Éric LACROIX Entrainement Running Trail (ericlacroix.com) ).
Entraînez vous également sur le plat, il n’est pas rare de parcourir de longues distances sur la route (fréquent générateur de blessure en compétition ).
Prenez votre sac pour habituer les trapèzes mais n’abusez pas de longues sorties avec une charge.
Variez les activités: le vélo de route est un excellent complément au même titre que le ski de randonnée ou le ski de fond. Ils seront à intégrer dans votre programme pour les séances longues de préférence ( 3 à 5h d’effort ).
Si une belle journée de cross est annoncée, faites la montée à pieds pour vous habituer à voler longtemps après un effort ( attention à l’hydratation).
Dans votre préparation, pensez à intégrer des journées type marche et vol avec au minimum deux montées à pied et plusieurs heures de vol au total. Vous identifierez ainsi les détails à améliorer, détails qui prendront de l’importance lors de la course.
Le jour de la course, protégez les zones sensibles avec du strap ou des pommades pour éviter échauffements ou ampoules.
PREPARATION EN VOL
Compétences techniques
La compétition de marche et vol a ceci de particulier qu’elle peut avoir lieu même si la météo n’est a priori pas idéale…
En d’autres termes, c’est lors de ce type d’épreuve que vous serez amenés à voler dans les conditions les plus improbables pour le parapente.
Bien entendu, l’engagement ne dépend que de vous et de vos choix, mais l’ambiance de la compétition et l’enjeu du ratio marche / vol vous inciteront inévitablement à voler dans des conditions plus exigeantes qu’à l’accoutumée, et il est indispensable d’avoir une marge technique suffisante pour y participer avec un minimum de sérénité et de sécurité.
Il faut, entre autres, être à l’aise dans les situations suivantes:
Vol en cross de 5 ou 6h, avec les pré requis: SIV, gestion incidents de vol.
Décollage exigu, raide ou venté ; vent travers ou arrière.
Atterrissage exigu, top landing ou contre pente.
S'entraîner à poser à contre pente reste une manœuvre engagée. Cela permet de se poser en quelques mètres et sur des pentes très raides si on utilise l’accélérateur. Suivant son niveau et ses ambitions, d’autres techniques et d’autres zones de poser sont à envisager mais atterrir proprement en altitude doit faire partie du bagage de tout compétiteur de marche et vol.
Météo
Lors de vos cross, prenez l’habitude d’analyser le plus possible l”aérologie. Cette expérience vous sera très utile surtout si les conditions sont atypiques.
Les organisateurs s’efforcent de créer des parcours qui correspondent aux conditions météo du moment mais il est courant que les prévisions soient différentes de la réalité.
Soyez prêts à voler la journée entière même si les prévisions sont pessimistes. Porter un peu de matériel en plus, peut se révéler très utile et rendre le vol compliqué s' il vient à manquer: vêtements chauds, eau, batterie auxiliaire, GPS etc…
Pour l’anecdote, lors de la Xalps 2021, Benoit Outters est parti très léger pensant faire une simple fléchette mais finalement il s’est retrouvé à voler toute la journée ! Sans eau, sans GPS et sans gants…
Si le vent est fort, identifiez les zones à proscrire et celles qui vous offriront un appui dynamique pour progresser. Si vous êtes contraints de poser sous le vent, il est parfois préférable de trouver une zone plus bas moins exposée aux turbulences.
Stratégie
Il est parfois difficile d’estimer la meilleure option entre marche et vol.
Retenez qu’il est possible de voler bien plus souvent qu’on ne le pense et que sur une course de trois jours, la moindre fléchette peut faire gagner beaucoup de places.
S’il n’y a pas d'ascendances, il est souvent plus rentable de marcher/ courir sur le plat, que de monter décoller pour faire une succession de fléchettes.
Restez sur le trait: parcourir la plus faible distance entre les balises reste le meilleur moyen d’y arriver rapidement. C’est valable en vol évidemment mais aussi lors de la recherche d’un décollage ou d’un trajet à pied.
La première montée se fait souvent sur un gros rythme surtout si la météo est favorable. Essayez d’accrocher un bon groupe mais ne vous enflammez pas, trois jours c’est long et le classement peut être bouleversé en 30min de vol. Il est important de garder de la lucidité.
Méfiez-vous des zones où la brise est forte. Il est très facile de se retrouver posé en fond de vallée et potentiellement d’y passer un moment désagréable… Se poser en altitude prend alors tout son sens et enchaîner quelques vols pour éviter les basses couches s’avère souvent rentable.
Le choix de l’assistant est primordial. Dans un monde parfait il est parapentiste, météorologue, cuisinier, kiné et se déplace en Van aménagé !
Les alternatives plus light ne sont pas dénuées de charme mais si la météo est capricieuse votre repos risque d’en pâtir.
Matériel
ça semble évident, mais être habitué à son matériel apporte de la confiance et du confort, surtout lorsque la situation est tendue.
La fatigue diminuant les capacités cognitives, il est préférable d’avoir expérimenté les dysfonctionnements possibles et connaître les réactions de sa voile en dehors du contexte de la compétition.
Les séances d'entraînement marche-et-vol ont aussi pour objectif de progresser sur l’utilisation du matériel, pour entre autres:
Peaufiner l’organisation de votre sac: ordre de rangement permettant une préparation rapide, suspentes démêlées, sans tour de sellette.
Quantifier les besoins pour éviter les surcharges de poids: eau, nourriture, batteries, instruments de vol, vêtements.
Valider le choix du logiciel ou du GPS ( Xctrack, flymaster etc…)
Les barres énergétiques et autres batteries de caméra ayant une fâcheuse tendance à s’éparpiller, vous pouvez rassembler tout ça dans des petites housses synthétiques comme celles qui protègent les masques de ski. Très léger et très pratique !
Le jour de la course
Dès que le parcours est diffusé, essayez de le visualiser mentalement pour faciliter vos décisions en vol
Sur une course avec assistance, la communication radio n’est pas toujours possible. Un téléphone avec une paire d’écouteurs peut remplacer la radio efficacement et une batterie auxiliaire reste plus légère qu’une radio.
Si vous n’avez pas d’assistance, faites en sorte de pouvoir suivre le live tracking de la course pour avoir un aperçu des options choisies par les autres. Si la météo est capricieuse vous pourrez anticiper une zone volable ou non pour affiner votre stratégie.
Volez le plus possible ! Lorsqu’on envisage une option au sol, on perd souvent en combativité et les conditions nous paraissent moins bonnes qu’en réalité.
Lorsqu’on s’engage sur une épreuve de marche et vol, la possibilité de progresser à pieds peut vous inciter inconsciemment à être moins combatif en vol. Gardez-le à l’esprit sans pour autant rogner sur vos marges de sécurité.
Les vitesses moyennes de vol sont souvent bien moins élevées qu’en compétition de distance pure. Même sur une épreuve courte, il faut assurer ses plafonds et éviter autant que possible les déplacements à pied en fond de vallée.
Vous améliorerez votre moyenne et votre efficacité générale au fil des compétitions.
Comme pour les épreuves de vitesse, prenez le temps d’un débriefing. C’est d’autant plus important que la météo est souvent atypique.
Enfin et c’est le plus important: faites vous plaisir ! Si vous avez envie de recommencer, c’est que le principal objectif est atteint !
NB : Pour les compétiteurs en herbes ou tous ceux intéressés pour s'initier à la compétition, Alpwind propose un stage de préparation à la compétition ainsi qu'un coaching et accompagnement sur la saison
Préparation aux Compétitions de Hike and Fly
Quelques conseils
Combiner l’effort physique et le parapente ne date pas de l’avènement de ce type de compétition, les deux sont intimement liés depuis l’arrivée sur le marché de matériel très léger comme les premières Ultralite d’Ozone ou les voiles du fabricant Français Nervures, pionniers dans le domaine des voiles montagne.
Nombre de parapentistes ont trouvé la motivation pour apprendre à voler en l’associant à une autre pratique comme l’alpinisme, la randonnée, la grimpe ou le trail… les fameux combos.
L’allègement du matériel et les performances des voiles ont ensuite contribué à démocratiser la pratique du marche et vol, et voir le nombre de compétitions augmenter d’année en année. 2023 verra le premier classement fédéral avec 4 compétitions.
Vous trouverez trois grand types de courses avec des contraintes et des objectifs très variables:
La plupart du temps, le format court est celui par lequel on débute la compétition de marche et vol. C’est donc de ce type d’épreuve dont il sera question dans cet article, avec quelques grandes règles permettant d’éviter certains écueils, et surtout de terminer la course avec le sourire et l’envie de recommencer !
PREPARATION PHYSIQUE
Si vous envisagez de vous aligner sur une épreuve de ce type, vous avez probablement déjà un profil sportif.
Les grandes règles permettant de définir un planning d'entraînement sont les mêmes que pour une épreuve d’endurance type trail long ( format 50 - 90km).
En effet, il n’est pas rare de marcher ou courir une journée complète - voir davantage - avec l’équipement de vol complet sur le dos, et de renouveler l’expérience plusieurs jours d’affilée.
Le sujet étant largement documenté, je ne rentrerai pas trop dans les détails d’un plan d'entraînement, mais voici quelques éléments communs à tous les plannings pré-compétition.
Quelques particularités propres au marche et vol:
Vous pouvez utiliser avantageusement les techniques associant les différentes sollicitations des fibres musculaires: isométrique / concentrique, myo cross max ou jerk qui sont des séances d'entraînement dédiées aux courses en montagne ( plus d’infos ici: Éric LACROIX Entrainement Running Trail (ericlacroix.com) ).
PREPARATION EN VOL
Compétences techniques
La compétition de marche et vol a ceci de particulier qu’elle peut avoir lieu même si la météo n’est a priori pas idéale…
En d’autres termes, c’est lors de ce type d’épreuve que vous serez amenés à voler dans les conditions les plus improbables pour le parapente.
Bien entendu, l’engagement ne dépend que de vous et de vos choix, mais l’ambiance de la compétition et l’enjeu du ratio marche / vol vous inciteront inévitablement à voler dans des conditions plus exigeantes qu’à l’accoutumée, et il est indispensable d’avoir une marge technique suffisante pour y participer avec un minimum de sérénité et de sécurité.
Il faut, entre autres, être à l’aise dans les situations suivantes:
S'entraîner à poser à contre pente reste une manœuvre engagée. Cela permet de se poser en quelques mètres et sur des pentes très raides si on utilise l’accélérateur. Suivant son niveau et ses ambitions, d’autres techniques et d’autres zones de poser sont à envisager mais atterrir proprement en altitude doit faire partie du bagage de tout compétiteur de marche et vol.
Météo
Lors de vos cross, prenez l’habitude d’analyser le plus possible l”aérologie. Cette expérience vous sera très utile surtout si les conditions sont atypiques.
Les organisateurs s’efforcent de créer des parcours qui correspondent aux conditions météo du moment mais il est courant que les prévisions soient différentes de la réalité.
Soyez prêts à voler la journée entière même si les prévisions sont pessimistes. Porter un peu de matériel en plus, peut se révéler très utile et rendre le vol compliqué s' il vient à manquer: vêtements chauds, eau, batterie auxiliaire, GPS etc…
Pour l’anecdote, lors de la Xalps 2021, Benoit Outters est parti très léger pensant faire une simple fléchette mais finalement il s’est retrouvé à voler toute la journée ! Sans eau, sans GPS et sans gants…
Si le vent est fort, identifiez les zones à proscrire et celles qui vous offriront un appui dynamique pour progresser. Si vous êtes contraints de poser sous le vent, il est parfois préférable de trouver une zone plus bas moins exposée aux turbulences.
Stratégie
Il est parfois difficile d’estimer la meilleure option entre marche et vol.
Retenez qu’il est possible de voler bien plus souvent qu’on ne le pense et que sur une course de trois jours, la moindre fléchette peut faire gagner beaucoup de places.
S’il n’y a pas d'ascendances, il est souvent plus rentable de marcher/ courir sur le plat, que de monter décoller pour faire une succession de fléchettes.
Restez sur le trait: parcourir la plus faible distance entre les balises reste le meilleur moyen d’y arriver rapidement. C’est valable en vol évidemment mais aussi lors de la recherche d’un décollage ou d’un trajet à pied.
La première montée se fait souvent sur un gros rythme surtout si la météo est favorable. Essayez d’accrocher un bon groupe mais ne vous enflammez pas, trois jours c’est long et le classement peut être bouleversé en 30min de vol. Il est important de garder de la lucidité.
Méfiez-vous des zones où la brise est forte. Il est très facile de se retrouver posé en fond de vallée et potentiellement d’y passer un moment désagréable… Se poser en altitude prend alors tout son sens et enchaîner quelques vols pour éviter les basses couches s’avère souvent rentable.
Le choix de l’assistant est primordial. Dans un monde parfait il est parapentiste, météorologue, cuisinier, kiné et se déplace en Van aménagé !
Les alternatives plus light ne sont pas dénuées de charme mais si la météo est capricieuse votre repos risque d’en pâtir.
Matériel
ça semble évident, mais être habitué à son matériel apporte de la confiance et du confort, surtout lorsque la situation est tendue.
La fatigue diminuant les capacités cognitives, il est préférable d’avoir expérimenté les dysfonctionnements possibles et connaître les réactions de sa voile en dehors du contexte de la compétition.
Les séances d'entraînement marche-et-vol ont aussi pour objectif de progresser sur l’utilisation du matériel, pour entre autres:
Les barres énergétiques et autres batteries de caméra ayant une fâcheuse tendance à s’éparpiller, vous pouvez rassembler tout ça dans des petites housses synthétiques comme celles qui protègent les masques de ski. Très léger et très pratique !
Le jour de la course
Dès que le parcours est diffusé, essayez de le visualiser mentalement pour faciliter vos décisions en vol
Sur une course avec assistance, la communication radio n’est pas toujours possible. Un téléphone avec une paire d’écouteurs peut remplacer la radio efficacement et une batterie auxiliaire reste plus légère qu’une radio.
Si vous n’avez pas d’assistance, faites en sorte de pouvoir suivre le live tracking de la course pour avoir un aperçu des options choisies par les autres. Si la météo est capricieuse vous pourrez anticiper une zone volable ou non pour affiner votre stratégie.
Volez le plus possible ! Lorsqu’on envisage une option au sol, on perd souvent en combativité et les conditions nous paraissent moins bonnes qu’en réalité.
Lorsqu’on s’engage sur une épreuve de marche et vol, la possibilité de progresser à pieds peut vous inciter inconsciemment à être moins combatif en vol. Gardez-le à l’esprit sans pour autant rogner sur vos marges de sécurité.
Les vitesses moyennes de vol sont souvent bien moins élevées qu’en compétition de distance pure. Même sur une épreuve courte, il faut assurer ses plafonds et éviter autant que possible les déplacements à pied en fond de vallée.
Vous améliorerez votre moyenne et votre efficacité générale au fil des compétitions.
Comme pour les épreuves de vitesse, prenez le temps d’un débriefing. C’est d’autant plus important que la météo est souvent atypique.
Enfin et c’est le plus important: faites vous plaisir ! Si vous avez envie de recommencer, c’est que le principal objectif est atteint !
NB : Pour les compétiteurs en herbes ou tous ceux intéressés pour s'initier à la compétition, Alpwind propose un stage de préparation à la compétition ainsi qu'un coaching et accompagnement sur la saison