Test Scala 2 Light -Phi

Test Matériel : Scala 2 Light , EnC,  Phi Air

 

Taille : 18, PTV 65-85 . Ptv lors des test 80 à 86Kg – Sellettes Air Design Sock et Skywalk Range Air xalp.

Période et durée du test : été 2023, sites de Chamonix, Annecy, Villeneuve 22h au total.

La Scala 2 est la nouvelle En C 2 lignes de chez Phi-Air, elle s’insère parmi les Volt4, Photon ou Artik R. C’est une aile light (3,3kg) avec un allongement de 6,77 (78 cellules). A noter qu’à partir de la taille 19 la scala 2 offre un ptv étendu, bien utile pour qui souhaite partir en volbiv tout en restant dans une fourchette homologuée.

 

Construction

Hannes Papesh et son équipe ont réalisé un très beau travail sur cette aile qui succède à la Scala 1. L’équipe de R&D a su utiliser l’expérience acquise sur la première version. L’aile est beaucoup plus homogène avec un virage performant et agréable. Dans la turbulence elle est surprenante de tolérance. Côté matériaux elle présente un Skytex 27double enduction en extrado et un Dominico Dodko 10 en intrado. Sur le bord d’attaque les joncs du sharknose (2 types de plastiques aux propriétés différentes) sont de 2 longueurs différentes et assurent une belle mise en forme. Cette limitation sur le volume et la longueur des joncs permet un pliage compact de la voile. Le suspentage, assez fin, est un mélange de dyneema, kevlar et vectran selon l’étage et le placement. Enfin les élévateurs en sangle  disposent d’une barrette de pilotage qui se révèle assez souple à l’utilisation tout en préservant la forme du profil.

 

Gonflage

Douceur, c’est le mot qui me vient immédiatement à l’esprit pour qualifier le gonflage de cette Scala 2. En vent nul avec un peu d'accompagnement elle s’élève gentiment et écope progressivement. Par conditions plus fortes elle ne présente pas d’accélération marquée ou de tendance à dépasser outre mesure. C’est très agréable et cela permet un envol en douceur. Le démêlage demandera un peu d’attention, mais rien de bien compliqué à gérer. Comme d’habitude j’ai réalisé pas mal de déco/atterro en vol bivouac / vol montagne sur terrain inconfortable et par conditions nulles à musclées, j’ai beaucoup apprécié l’homogénéité au lever de l’aile en situations très variées. Pour les top landings l’aile reste très prévisible sur les basses vitesses et permet un pompage en profondeur efficace pour casser la finesse.

Prise en main et Mise en glisse

Les élévateurs sont clairs et plaisants, Ils sont équipés de maillons ce qui sera facilitant lors des calages de l’aile. Ils sont fixés par un velcro qui, à mon sens, aurait mérité d’être plus conséquent. Il n’y a pas d’émerillon en jonction poignée/ suspente : pour moi c’est un manque car le poids gagné n’est pas proportionnel à l’inconfort d’une drisse de frein qui se tresse sur elle-même. J'ai donc changé pour des poignées de frein retenues par un élastique.

Dès que l’on s’envole on sent une aile posée, tendue. Un regard en l’air :  l’état de surface est très bon.

Le contact s’établit avec environ 8 cm de frein. A partir de ce moment la réponse à la commande est linéaire et progressive avec un débattement d’environ 55cm. La course aux freins est assez longue mais précise et réactive. Elle laisse de la marge pour éviter le surpilotage lors d’un incident de vol. J’ai vraiment aimé la capacité de pouvoir placer l’aile comme on le souhaite en toutes situations.

 

Le virage

Le virage de la Scala2 est assez intuitif. La combinaison roulis/lacet est bien équilibrée, il y a moins de roulis que sur la version 1. A 80Kg les bouts d’aile sont moins tendus que sur une Volt 4 de même taille par exemple, ils informent lorsque la masse d’air devient turbulente. Le pilote devra alors avoir un peu d’autorité à la commande, mais c’est une qualité dans la recherche d’un pilotage actif précis. La combinaison avec ma Range Air Xalp donne un ensemble maniable et joueur. Sous ma Sock j’étais dans une version plus stable mais efficace. Des vols en compagnie de Volt 4, Artik R, Alpina 4 m’ont démontré une belle qualité de montée en thermique de cette Scala2. C’est à mon sens un vrai point fort.

 

Pilotage

L’aile est aisée à comprendre, tout en restant solide elle informe sans saturer le pilote. Le pilotage aux arrières est très efficace, le vol accéléré se fait en confiance. Chargé à 83kg, bras hauts, j’étais plus rapide qu’une Alpina 4 en taille L bien chargée. Ayant réalisé plusieurs vols à côté d’Artik R et connaissant bien la Volt4, je n’ai pas constaté de différence marquée en termes de vitesse ou de plané. Je ne peux donc émettre un avis totalement objectif sur les performances pures de l’aile, mais je suis persuadé qu’elle est dans le registre de ces nouvelles voiles. L’accélérateur est souple ; au premier barreau l’aile se cale et file en conservant un superbe plané. Au second barreau il y a une accélération nette. Difficile de donner des chiffres mais je n’ai pas souffert d’un manque face aux autres ailes de même gabarit ou légèrement supérieur. J’ai trouvé le pilotage aux B souple et très confortable. Après avoir effectué plusieurs cross de 5 à 6h je pense que, contrairement à certaines concurrentes, l’aile n’est pas physique. Le travail sur la pression de la voile est donc un vrai succès.

Pour avoir réalisé deux tours du Mont Blanc dans des conditions thermiques généreuses je peux dire que cette voile accepte des bons coups de boutoir sans trop frémir. Il est évident que cette Scala2 est très saine, il faut oser lui faire confiance !

 

 

Hors domaine de vol

Wing-Over : la Scala2 vous donne rapidement une belle énergie qui permet de vite se retrouver loin au-dessus de l’aile.

Decrochage : Le décrochage en deux temps est aisé à réaliser, les bouts d’ailes reculent bien puis le blocage et la recherche du point de marche arrière sont assez  facile à gérer. 

Vrille : le bout d'aile recule franchement avant de partir en négatif. On sent arriver le départ en vrille avec une augmentation nette de la pression commande.

Spirale : A ce niveau d’homologation pas de surprise : L’accélération en 360 est bien présente et il faut piloter la sortie. Mais là encore le coté léger de la voile lui donne un certain amortissement dans la profondeur d’abattée.

Les oreilles sont simples à mettre en œuvre mais un peu instables.

Conclusion, pour qui ?

Depuis un an j’ai beaucoup volé la Volt 4 que j’apprécie pour ses nombreuses qualités. J’ai également testé l’Ozone Photon et la Niviuk Artik R qui fera l’objet d’un autre test. Ces différents essais me permettent de dire que la Scala 2 est tout à fait dans le cahier des charges de ces nouvelles C 2 lignes. Pour ma part je me suis senti comme à la maison, avec beaucoup de confort. Donc en bref : performances bien présentes, capacité de compression très efficace (petit sac garanti), voile saine. Pour qui ? : Pour les adeptes des compétitions de Marche et Vol (mais pas que) c’est vraiment une aile à tester ! Pour des pilotes volant sous EnC 3 lignes voulant passer sous 2 lignes; pour des pilotes EnD voulant une aile plus douce en conservant le pilotage d'une 2 lignes. Pour des pilotes de B+ ayant régulièrement des cross de +100 kil au compteur. A noter qu'en dépit des progrès des fabricants et de tout le marketing qui gravite autour des ailes, les ENC 2 lignes restent des parapentes avec une énergie qui demande un bagage de pilotage lors d'un vrac massif imprévu.

 

Nb : la Scala 2 existe aussi en version standard avec d’autres matériaux (Porcher Skytex 40 et Myungjin MJ32MF) ainsi que des joncs plus nombreux et plus longs. C’est sans doute une version plus robuste et un peu plus performante pour les pilotes qui ne regardent pas trop sur le poids.