Test Volt 4 - En C

Test Matériel : Volt 4 , Air Design, première EnC deux lignes

Taille : XS, PTV 70-82 . Ptv lors des test 82Kg – Sellettes Kolibri et Range Air xalp.

Période et durée du test : été 2022, sites de Chamonix, Annecy, Interlaken, Grand Bornand, 25h au total.

 

J’avais beaucoup volé la Volt 3 puisqu’il y a quelques années nous avions traversés les Alpes ensemble, nous étions donc familiers. Mais la dernière-née change totalement le jeu ! Cette Volt 4 est en effet la première EN-C deux lignes, elle préfigure sans nul doute d’une évolution qui va se confirmer sur cette gamme. Pour avoir une idée de mon feeling (puisque tout avis réside essentiellement en un feeling global) je dois dire que depuis ce printemps j’ai beaucoup volé avec une Flow Fusion (enC), une Gin Explorer2 (enB+) et une Ozone Zeolite (enD) à des tailles sensiblement équivalentes.

Construction

La Volt 4 est une aile légère (ici 3,5kg) avec un allongement de 6,5 pour 57 cellules. L’aile bénéficie du tissus Porcher Skyex 27 II (intrado/extrado) qui garantit une très bonne résistance à la déformation et une excellente durabilité ainsi que d’une structure interne en Dominico et Skytex Hard version light. Les suspentes sont en Edelrid 8001, on peut donc affirmer que l’ensemble est clairement destiné à la performance. Les élévateurs sont au choix en tresse dynema ou en sangle de 1cm. Pour ma part j’ai opté pour un arbitrage vers la sangle, question de prise en main et de clarté immédiate au démêlage quitte à rajouter quelques grammes.

 

Gonflage

Avec des entrées d’air un peu étroites, déjà expérimentées sur d’autres modèles concurrents qui peinent à s’élever, je redoutais un gonflage poussif voire compliqué par vent nul. Bonne surprise, le bord d’attaque reste en forme et une pression douce et constante sur les élévateurs participe d’une montée progressive et efficace. Avec 10 à 15km.h de vent pas de tendance à dépasser. Un très bon point pour les futurs vol-bivouacs.

 

Mise en glisse

Prise en charge très efficace, on sent immédiatement une présence solide et tendue au-dessus de la tête. Lors de mon premier essai cet hiver j’avais eu le sentiment d’être loin de l’aile, c’était curieux, mais dès le second vol je me suis retrouvé comme à la maison. Le contact au frein est assez rapide et direct, toutefois pour mon pilotage j’en ai réduit les lignes de 4 cm pour m’éviter un demi-tour de frein, position que je n’aime guère. A partir du point de contact la réponse à la commande est linéaire, puis durcit notablement vers 30cm. Cette envergure de commande est suffisante pour placer l’aile efficacement et régulièrement en toutes situations, y compris sur un rayon de virage réduit. L’aile conserve une belle agilité.

 

Le virage

Le virage est très agréable et homogène, l’aile répond avec précision et douceur en gardant un très bon maintien de courbe dans l’ascendance, sans dérapage intempestif. Bien que l’aile soit légère on ne constate pas de retour d’information démesuré y compris dans une masse d’air agitée. Ce filtrage va laisser au pilote une sérénité et une disponibilité d’attention profitables à sa performance. J’ai trouvé cela assez similaire au ressenti éprouvé sous la Fusion, avec plus de solidité que les bouts d’ailes de l’Explorer2. La montée en thermique est très bonne, avec une vraie capacité du bout d’aile à vous tirer vers le cœur. Elle est au moins aussi efficace que sous la Gin, que je considère à ce titre comme une très bonne voile.

 

Pilotage

Le moins que l’on puisse dire est que les conditions de cet été furent toniques, avec des varios parfois impressionnants dans des masses d’air chimiques. La capacité de la Volt4 à encaisser la turbulence m’a proprement bluffé. Sous une 2 lignes, je m’attendais à une exigence de pilotage supérieure au vu de la performance délivrée. Ayant fait quelques vol-biv avec des passages sous le vent pourris j’ai quand même subi quelques bonnes fermetures y compris un départ en négatif. Pourtant le retour au vol équilibré s’est fait avec la nécessité d’actions de pilotage qui n’étaient pas plus exigeantes que sur des enC basses en 3 lignes, voire plus simples que sur certaines enB+ (catégorie sous laquelle il faut à mon sens rester méfiant).

 

Vitesse

En poussant le premier tiers du barreau on sent immédiatement l’aile se tendre, posée sur son rail la vitesse est bien présente tout en conservant un plané excellent. Le pilotage aux arrières est facile et redoutable d’efficacité. La Volt4 est vraiment très intéressante volée entre 20 et 70% de barreau, c’est sur cette plage que l’on trouvera les meilleurs ratios vitesse/plané/pénétration. La glisse est au rendez-vous, je me retrouvais sensiblement comme sous ma Zeolite.

Le ptv, un point délicat ?

A mon sens il y a nécessité de la voler en haut de fourchette du Ptv, pour ne pas dire au max si l’on veut bénéficier de l’ensemble de ces qualités. Pour un Vol Biv un peu long j’ai eu la possibilité de tester la taille S (ptv 80-92) que j’avais chargée à 86kg. Clairement l’homogénéité globale manquait un peu et l’aile me semblait moins incisive, plus  floue à la commande. Rien de très surprenant, mais, avec une plage de poids de 12kg, cela dénote de la nécessité d’être bien au clair pour le pilote quant à ses objectifs d’utilisation et ses variations possibles de ptv.

 

Hors domaine de vol

Décrochage assymétrique : l’aile prévient de façon claire, une fois entré en négatif la reconstruction est aisée avec une marge aux freins qui n’est pas plus exigeante que sous de nombreuses B+

Décrochage complet : les bouts d’ailes partent clairement en arrière, le décrochage devra se faire en 2 temps au vu de l’allongement. Il demande un peu plus de précision que sous certaines C entrée de gamme, mais l’exigence de compétence est cohérente à ce niveau.

Wings : l’aile a une belle énergie et on est vite au-dessus de l’intrado, toutefois attention à ne pas abuser de ce genre de joyeusetés : on est sous une machine faite pour de la perf en distance, pas en voltige.

Spirale : l’accélération lors de l’entrée en rotation est très nette, une fois que l’aile se retrouve en face planète il y a une bonne énergie qu’il faudra canaliser lors d’une sortie rapide, mais cela reste dans le cahier des charges de tout pilote prétendant à ce type d’aile.

Fermetures : sans lignes de pliages je n’ai pas pu réaliser le bloc de fermetures, toutefois pour en avoir observées certaines en siv je n’ai rien vu d’incohérent par rapport aux éléments précédents.

 

Conclusion

La Volt 4 se situe dans la partie supérieure des En-C en termes de performance avec une belle sérénité en pilotage. Une superbe réussite !

Dernière minute : à la fin du printemps Air Design avait pris la tête sur ce nouveau segment, et la concurrence vient d’embrayer le pas si l’on regarde les dernières sorties de la Coupe Icare…

Pour ma part je suis face à une question : Volt 4 / Zeolite, je suis à peu de choses au même niveau de performance, la sérénité en plus pour la Volt. Donc je la garde, mais ne vais-je pas me séparer de ma Zeo et en profiter pour explorer une aile un peu plus perf ? Arg cruel dilemne !!